En cette fin 2008, je vais commencer par une recette du Périgord. Ce sont des figues fourrées au foie gras. On peut en trouver sur les marchés de Périgueux. Mais ici, en Hurepoix, je ne suis pas en Dordogne. Il a fallu recourir à une contrefaçon artisanale avec des figues et du foie gras de chez Lidl. Et puis c’est bien moins cher.
A peine réalisées, à peine dégustées au cours du dîner qui a suivi. A cette occasion Alberto a délaissé ses quartiers du Louvre pour venir en Hurepoix où Gianfranco a au contraire pris les siens pour quelques mois.
Là, je viens de me souvenir que ma mère m’avait donné un travail à faire en septembre dernier. Il n’est jamais trop tard pour commencer. Pour l’instant je n’ai fait que des essais sur papier. Il s’agit de reproductions de photographies de mes ancêtres. En 1 et 2 ce sont mes grands parents paternels. En 3 et 4 mes arrières grands parents grands paternels.
Pia étant partie pour 15 jours en Finlande, je descends à Périgueux pour profiter de l’appartement douillet avec le prétexte de venir garder les chats. J’arrive le 25 décembre juste à temps pour assister à la messe de noël en la cathédrale de Périgueux qui était pleine pour l’occasion.
Alberto arrive le lendemain à Périgueux après un détour par Tours où il a passé le réveillon chez Isabelle. Il étrenne depuis quelques semaines son nouveau ultra portable. L’appartement est ultra connecté.
Après tant d’activité, une sieste s’impose. Il est vrai que l’appartement de Périgueux est reconnu pour ses effets narcogènes. Missi, qui feulait à l’arrivée d’Alberto, lui est maintenant inséparable.
Si l’appartement est confortable, on est quand même sorti un peu. J’ai tenu à faire visiter à Alberto la bastide de Monpazier qui est un modèle d’intégration urbaine aux antipodes des tours de Dubai.
Alberto reparti, Pilli attend le retour de sa patronne au chaud sur son ordinateur. Pia est en effet de retour de Finlande après un passage par Paris. Nous sommes le 1 janvier 2009 et elle arrive avec Nathalie une copine à elle.
Nathalie tenait absolument à revoir Bordeaux où elle avait habité. Le clocher séparé de l’église St Michel abrite, à son pied, tous les dimanches une brocante que nous avons parcouru. Une fois tout remballé, nous sommes allés déjeuner, sur cette même place, dans un restaurant portugais qui sert un repas substantiel du type pension pour 9 € seulement tout compris.
Plantés dans l’eau, près des quais de la Garonne en cours d’aménagement deux totems d’amarrage attendent dans un froid de canard, d’hypothétique navires au long cours.
Après le départ de Nathalie, l’appartement a repris sa quiétude et Pia, posant, élégamment accoutrée en costume de tintin ne se doute pas que quelqu’un est en train de lire par dessus son épaule.
L’appareil photo de Pia a beaucoup bourlingué. Le boitier est fendu. Pour le maintenir, un cabinet d’étude réputé, a imaginé cette opérante solution qui méduse tous les experts en la matière.
La vague de froid touche toute la France. Les températures sont bien en dessous de zéro et un peu partout, il neige, parfois très fort, à Marseille, à Tours, à Paris. Périgueux se couvre donc aussi d’un duvet blanc derrière le figuier qui nous donnait des figues à la fenêtre jusqu’à ce que une tempête, il y a quelques mois, ne fasse tomber une de ses grosses branches.
A peine rentrée de vacances de Noël en Finlande que Pia pense déjà à repartir. Elle affine les derniers détails par sms pour une semaine de ski du 17 au 24 janvier en Autriche. Juste le temps d’avaler quelques huitres et la voilà dans les soldes pour s’équiper. Le voyage commence, à Périgueux, en train jusqu’à Paris, puis en avion jusqu’à Dusseldorf où ses amis l’attendent pour descendre ensuite tous ensemble en voiture jusque sur les pentes enneigée autrichiennes. C’est un véritable périple qui commence. Je reste encore une fois pour garder les chats. En rentrant de la gare, le chat voisin était sur la terrasse quand j’ai ouvert la baie vitrée. Pilli est sortie immédiatement pour mettre en fuite l’intrus qui détallait, mais elle est revenue, dans le même élan, prudemment à l’intérieur en croisant Missi qui sortait bien plus décidée. Le chat voisin n’a pas eu le temps de sauter la rambarde qu’on lui tombait dessus et j’ai nettement vu des touffes de poils blancs voler en l’air pendant que l’on entendait sérieusement donner de la voix. Après une hésitation au moment de bondir, le chat voisin a finalement réussi à s’échapper dans un infernal bruit de casseroles et de pots, ce qui a affolé Missi qui est rentrée, elle aussi, précipitamment.
Avant de partir Pia m’a laissé des instructions. Comme par exemple monter, dans la chambre d’amis, les meubles ikea, qu’elle a acheté, pour accueillir plus de rangements que ne pouvaient contenir les deux étagères en fer forgé qui reviennent dans le salon. Il fallait aussi s’occuper de la cuisinière. C’est une vieille Xavière à gaz et le tuyau de gaz était à changer, avant 2008. Au fait, avez-vous vérifié le votre chez vous? Pour nous, le nouveau est garanti pour 10 ans. Où serons-nous en 2018? Serons-nous sortis de la crise? Et, quand ce vieux tuyau a été fabriqué et installé, en 98, que de chose n’étaient pas encore advenues. Par exemple, personne dans le monde ne connaissait encore cet abracadabrantestque président… des États Unis, enfin, l’ancien… parce qu’il y en a un nouveau cette semaine. En sortant j’ai vu pour la première fois la place de la clautre entièrement vide de voitures ou de marché. La raison était que l’on célébrait en la cathédrale St front les obsèques d’un joueur de rugby de l’équipe de Périgueux qui est d’origine des iles Tonga et qui est mort mystérieusement sur le terrain de jeu lors la dernière rencontre de championnat. Dans mon lot de cartes postales que j’achète régulièrement j’en ai choisi une pour l’envoyer à ma mère en Italie. C’est un prétexte pour y raconter une histoire que Pia m’a rapporté. Chez les paysans à la campagne autrefois on ne savait pas toujours distinguer la droite de la gauche. Alors, pour leur apprendre la cadence des pas, durant une fête de village, un maitre d’école de danse avait imaginé leur faire mettre dans le sabot de gauche, du foin et dans le droit, de la paille. Ainsi, il était facile de diriger tout le monde en criant: « Foin, paille, paille, foin, paille… » ce qui était bien plus compréhensible pour chacun. Au fait, vous, est-ce que vous connaissez la différence qu’il y a entre le foin et la paille? A l’appartement les travaux continuent. Dans la cuisine le plan de travail n’était toujours pas fixé depuis un an. En fait depuis qu’il avait été scié et installé par Pia. Bien pratique cette visseuse premier prix. Fini la corvée de le remettre en place lorsqu’il bougeait en s’appuyant dessus. Dans mon dos et complètement insensible à cet évènement majeur qui va révolutionner la vie dans la cuisine, Missi était en train de mâchonner les fleurs que Nathalie avait apportées.
Après avoir passé le jour de mon anniversaire au chaud dans l’appartement, car dehors il pleut sans cesse depuis plusieurs jours, je décide le lendemain d’aller faire un tour quand même ne serait-ce que pour recharger mon téléphone portable car Pia est partie avec le seul chargeur de la maisonnée. Chemin faisant je passe par l’impressionnante vallée de la Vézère qui avait déjà été repérée par les hommes des cavernes, pour ses nombreux abris naturels et j’arrive aux Eysies haut lieu de la préhistoire, fréquenté par l’homme de Néanderthal et puis par son héritier qui devait certainement avoir ses habitudes dans cet hôtel. Cette terre accueille de nos jours, le Musée national de la Préhistoire. La richesse topographique de l’endroit a été exploitée de tout temps et bien après les premiers hommes, comme en témoignent les murs et les trous de boulins qui datent du moyen age. Justement, dans le journal Sud Ouest, j’avais noté, avec amusement, le matin même, un article sur le nouveau projet de musée « très intégré au paysage ». On ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Poursuivant ma route, j’atteins les bords de la Dordogne, et je passe au pied de la forteresse de Beynac où je me remémore que le fleuve était une frontière durant la guerre de 100 ans avec les français au nord et les anglais au sud. La région foisonne de château forts, mais la particularité de l’endroit est de réunir quatre châteaux qui se font face. La château de Beynac coté français faisait face à celui de Castelnaud coté anglais. Mais comme ils ne pouvaient pas se voir directement à cause de la configuration escarpée du relief, les français construisirent en poste avancé le château de Marqueyssac pour surveiller les anglais de plus près et eux à leur tour construisirent celui de Fayrac pour surveiller les français. Au gré des batailles et des alliances, ces forteresses ont, tout de même, changé plusieurs fois de main. Après avoir traversé la Dordogne au pont de Domme je prends la route qui grimpe vers la bastide qui était la destination de mon voyage. Après Monpazier et Eymet me voici donc à Domme. De la haut une surprenante vue domine le fleuve avec au loin à la jumelle la ville semi troglodytique de La Roque Gageac que je venais de traverser. Les rues et les portes ont le cachet chaleureux des bastides, mais comme les habitants n’ont pas laissé un seul endroit ouvert, ne serait-ce que pour prendre un café, je prends le chemin du retour sur Périgueux où j’apprends qu’un bulletin d’alerte à été émis pour une violente tempête, comparable à celle de 99, qui doit traverser l’Aquitaine cette nuit. Les murs de un mètre d’épaisseur vont résister aux assauts du vent, mais qu’en sera t-il de la toiture de la terrasse que Pia a installé en début de mois?
La réponse est oui ! Le toit de la terrasse à tenu. Les calculs de l’Architecte des Bâtiments de France étaient bons. J’en ai profité pour prolonger l’ouvrage tout contre le mur. La terrasse est maintenant complètement au sec.
Pia est à présent rentrée en passant à travers les tempêtes, mais déjà, elle porte au loin son regard en quête de nouvelles aventures.
A une centaine de kilomètres au nord de Périgueux c’est Angoulême. Et en ce premier Week End de février, comme les murs de la ville le savent déjà, c’est la festival international de la BD.
Le Week End suivant, direction la station de ski la plus proche de Périgueux. C’est en Auvergne, à peine à 2 heures de route et au pied du massif d’où prend naissance la Dordogne, la neige est au rendez-vous.
Équipée comme en Autriche, où elle a pris gout au ski alpin, Pia contemple le théâtre de ses exploits. Avec une aisance toute nordique, sous le soleil revenu, elle vient de dompter toutes les pistes de la station, les unes après les autres.
Et voilà, c’est la fin de cet article. Merci pour le moment que nous avons passé ensemble, tout au long de ce… détour de l’an.